Les sculpteurs Kanak
 

Parole aux sculpteurs kanak...

(Extraits du livre «koneva»)

Trijikone ELIA 

« Il n’y a pas d’explications à donner, juste des formes créées pour faire parler les gens. C’est une fonction de l’Art, dont le rôle n’est pas seulement de montrer, mais surtout de démontrer.

La nature, c’est toujours de l’Art, mais il faut savoir l’apprécier...voyez le nom qui en drehu désigne la sculpture : c’est justement « hna sa atr » qu’on peut traduire, mot à mot, par « là où on taille l’homme ». »
Lacharet DIOPOSOI

« La sculpture...c’est comme un vieux qui fait son champ : c’est dur mais il aime son travail. Les vieux travaillaient avec l’esprit, pas avec la force.

Si je dis qu’une sculpture est finie, elle est finie. Je peux faire un peu plus, mais c’est pas bien, ni pour moi ni pour l’Art. »
Marc DEHA

« Je ne sais pas si je sculpte pour mon plaisir ou pour que ces formes, ces traditions, ces lignes ne se perdent pas. Qu’importe. Si ça arrive comme ça l’envie de sculpter, ça doit bien avoir une signification. »
Rony PHADOM

« Sur la base de la tradition qui demeure la source d’inspiration, les artistes doivent pouvoir élaborer des formes nouvelles pour permettre à la tradition d’être promue et reconnue à l’extérieur. »
Narcisse TEIMBOUEC

« J’aime donner vie au bois, en tirer quelque chose, alors qu’un bout de bois ce n’est rien du tout. Je ne peux pas me passer de la sculpture : elle m’apaise. »
« Quand je vais en forêt, je vois des formes dans l’herbe, dans le bois. Tu donnes juste quelques coups de ciseaux et la sculpture est là... »
Gilbert KAOUA

« Si les gens demandent ce que signifient les dessins d’un chambranle, je dis toujours que je ne sais pas, car je trouve que ça doit rester dans le pays, dans notre culture.En tout cas c’est une question de respect : on respecte les secrets de nos clans de la même façon qu’on respecte la tradition des autres. »
Dick BONE

« Peut-être une sculpture permet aux gens de se découvrir eux-mêmes, c’est à eux de voir »

« Le rêve est la source de mon inspiration : c’est un monde plus riche et j’essaye de sculpter mes rêves du bout de mes doigts. Quand j’arrête, la sculpture avance quand même, elle s’affirme par l’esprit. Travailler pour un sculpteur signifie aussi respirer, regarder. L’œuvre mûrit en parlant avec les autres, en écoutant les vieux, en marchant en forêt : la vie en somme. »
« Les vieux sont morts avec beaucoup de choses très importantes et comme notre tradition est orale, beaucoup de choses se sont perdues. Notre but est de les retrouver. Voilà ce que signifie pour moi la sculpture aujourd’hui : la possibilité de montrer aux jeunes ce que représente notre civilisation. Dans cette optique, la sculpture est le témoin du passé, l’image encore vivante de ce qui était notre peuple. »

« Sculpter devient aujourd’hui une forme de résistance, qui nous permet de montrer au monde que nous existons toujours. »

« ...la flèche faîtière...représente un passé, l’histoire d’un peuple qui est là. »

« Je suis un sculpteur Kanak, je ne me considère pas artiste, et quand vous parlez d’artistes Kanak je dis que je ne connais pas. »

« Il est clair que sculpter fait partie de ces milles choses qu’on doit faire pour construire le pays. »

Silvio  JOREDIE